Ca rime pas !
  • Le trou de lumière

    La lumière perce
    mais le trou existe déjà
    elle est douce
    comme un réveil de forêt
    rien n’est agité
    les rêves vivent encore
    sur son chemin éphémère
    elle sublime ce qu’elle touche
    un pied de chaise
    un miette de pain abandonnée
    ma journée

  • Juste avant le soir

    Quand les ombres s’étirent
    dans la fraîcheur des jours dépeuplés
    à l’envers d’une lueur qui paresse
    les arbres effeuillés frissonnent
    les oiseaux ont achevé leur récital
    le silence s’installe doux et respectueux
    les silhouettes peu à peu renoncent
    au dehors quelques rares s’attardent
    leur mélancolie comme un manteau
    accroché aux dernières beautés

  • J’ai 12 minutes

    J’ai 12 minutes
    un entre-deux imposé
    un imprévu qui s’invite

    J’ai 12 minutes
    pour me perdre
    dans une parenthèse

    J’ai 12 minutes
    avant les réalités
    qui déjà vibrent dans ma poche

    J’ai 12 minutes
    le monde n’ira pas jusqu’à 13

    12 minutes c’est minuscule
    12 minutes c’est insignifiant
    12 minutes c’est un cinquième d’heure
    pas même un quart

    J’ai 12 minutes
    le temps d’un café
    le temps d’un chapitre
    le temps d’un rayon de soleil
    le temps d’une pensée qui baille
    le temps d’un poème à l’arrêt du bus
    le temps de faire une liste
    des choses à ne pas faire
    en 12 minutes

  • L’oiseau est mort

    Prisonnier
    de sa liberté

    les ailes fatiguées
    d’avoir tant exploré

    l’oiseau est mort
    de sa curiosité

  • Entre faim et soif

    Dans les prairies à éclore
    les jours s‘ouvrent comme des ailes
    les couleurs inutilisées s’invitent
    les instincts coulent
    en rivières fraîches
    dans les cœurs rapides
    demain n’est qu’une idée

    Tu glisses entre les jours
    révèles ta vérité
    dans un battement de présents
    entre faim et soif

    Tu es libre mais abandonné
    tu n’as rien mais tout à défendre

    Ton urgence n’est pas la nôtre
    et pourtant nous voilà reliés
    seuls au milieu de tous
    ne sachant pas vraiment
    ce que vivre signifie

  • Rides

    J’ai des doutes !

    Les rides seraient-elles l’expression
    de la sagesse d’une vie expérimentée ?
    ou les stigmates épidermiques
    d’une vue qui baisse ?

    J’ai des doutes !

  • La main verte

    Il faut avoir la main verte
    pour faire pousser un enfant.

    En fait il faut plein de mains
    et pas mal de couleurs aussi !

  • Lignes

    Un point qui s’étire comme un départ
    avec des fins en suspension,
    la promesse d’un voyage.

    Elles nous transportent
    ou elles nous sèment
    en sentiers volontaires ou de flânerie.

    On les croise rarement,
    on les parallèle plutôt,
    en transparence de papier
    comme des guides
    pour nos yeux d’humains à rassurer.

    D’évasions singulières
    en horizons à suivre,
    elles tracent des imaginaires
    pour qui saura lire entre.

    D’accouplements sans innocence
    émergeront des vies à arpenter,
    des libertés d’encre entre des noirs filants
    sur des pages à vivre.

    Peut-être n’y aura-t-il pas de réponse
    mais il y aura des nœuds à démêler
    dans des poches à trésors,
    des possibles à tisser.

    Peut-être n’y aura-t-il pas de chemins
    tracés entre des numéros éparpillés
    mais il y aura des désirs à éveiller,
    des semences à encourager.

    Peut-être n’y aura-t-il pas de paradis
    après les portes
    mais il y aura des présents
    à inventer, à habiter, à aimer
    du plus profond de nos lignes.

  • Trop-pleins

    Si on pouvait vider
    les trop-pleins
    qui dévorent le temps
    tâche après tâche

  • Renaître

    Renaître de ses encres
    au creux des paumes
    sentir le poids de tout
    ce qu’il reste à écrire

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