Ca rime pas !
  • Mésange

    D’or et de cendre
    les ailes hésitantes
    ont préféré l’horizon

  • Le premier mot

    Le premier mot
    comme une pierre posée
    à la croisée des moments
    vaciller au creux des vertiges
    à l’aube d’une naissance
    frissonner de ce qu’il adviendra
    après les premières fois
    avant les jours qui passent
    entre les habitudes
    pourquoi ne pas s’envoler

  • Balade

    Comme une balade
    inconsciente morcelée
    sur des chemins ignorés
    s’alléger de ses miettes
    ou de ses montagnes
    qui sème qui récolte
    des histoires éparses
    comme des couvertures
    tissées de bouts de soi
    effleurer la surface légère
    des moments fragiles
    secondes peaux tendues
    sur des secrets d’entrailles
    assembler les hasards
    en poésies impromptues
    résonances intimes
    écrire ce qui vibre

  • Pour plus tard

    ouvrir fermer
    ouvrir fermer
    ouvrir mettre de côté
    pour plus tard
    ouvrir fermer
    ouvrir ouvrir ouvrir
    oublier
    mettre de côté
    fermer
    pour plus tard
    oublier
    ouvrir ouvrir
    fermer ce qui a été oublié
    mettre pour plus tard
    de côté ce qui est resté ouvert
    oublier de fermer
    ranger tous les plus tard
    dans l’espérance du temps
    remplir les vacances
    de nos boîtes crâniennes
    d’hypothétiques réponses
    à nos insignifiances
    finir tôt ou tard
    par tout
    o
    u
    b
    l
    i
    e
    r

  • Boucan

    BOUCAN
    RAFFUT
    RAMDAM
    CACOPHONIE
    VACARME
    TINTOUIN
    BROUHAHA
    CHARIVARI
    TINTAMARRE
    TOHU-BOHU
    TUMULTE
    CHAHUT
    BAROUF

    Un joyeux bordel
    de mots bizarres
    et de la vie en bruit !

  • La prière

    Notre monde traîne sa mélancolie
    fardeau d’un fantasme agonisant
    sur des chemins qui s’évaporent
    des terres assoiffées
    l’écho des lucides peine
    à résonner d’une mélodie vaine
    aux oreilles des aveuglés
    les priorités saignantes
    trébuchent les peuples
    arrachent les équilibres
    suffoquent les avenirs
    sous les cendres qui couvent
    des humanités persistent
    malgré les espoirs entravés
    éclats indéfectibles
    qui transgressent
    l’horizon des grisailles
    une percée puis l’accalmie
    mais le déluge
    des poings se dressent
    comme des forêts d’utopies
    refuges des imaginaires
    essorés par des visions révolues
    certains sèment encore
    des hypothèses de fertilité
    comme des prières lancées
    et qui nous murmurent
    qu’une autre fois est possible

  • Tragédie quotidienne

    Dans la lumière des jours
    naissant à deux pas
    nos consciences endormies
    se vivent des tragédies
    quotidiennes
    silencieuses
    inconnues.

    La disparition
    d’une goutte de rosée
    sur un linceul de feuilles
    en est une.

  • J’essaie

    J’essaie
    J’essaie d’écrire
    J’essaie d’écrire ma poésie
    J’essaie de laisser vivre ces mots
    en dehors de ma tête
    ils s’emmêlent et se démêlent
    du bout de la mémoire
    à la pointe du stylo

    J’essaie avec les simples
    les pas assez dits
    les maladroits
    les insuffisants
    enfouis comme des mains
    au fond des poches

    J’essaie d’écrire
    des fragments du monde
    la poésie même
    au creux des maladresses
    à coups d’imparfaits

    J’essaie de m’affranchir
    libre comme des mots
    gros sur les murs des villes
    qui hurlent des rages noires
    en capitales suintantes

    J’essaie de rester fou
    un peu tous les jours
    avec des mots hors de contrôle
    qui éclatent dans l’air
    comme des rires

    Et c’est pas facile
    avec les mots poisseux
    ceux qui s’accrochent à Ia chair
    on voudrait les cracher loin
    sans retour possible
    les mots asphyxiés
    qui grattent au fond de la gorge
    et qu’il faudrait tousser
    pour s’apaiser
    les rouges de pudeur
    prononcés à fleur de lèvres
    pour ne pas déranger
    les exaltés qui ouvrent
    les regards de surprise
    ou de méfiance
    et les mots incompris
    qui ont le pouvoir de tout casser
    qu’on ne dit qu’une fois

    J’essaie d’écrire ma poésie

    Je trace mes mots
    comme des lignes de désir
    au milieu de mes silences

  • Indifférence

    Elle t’observe
    Elle te frôle
    Elle te laisse gesticuler
    Elle croit percer ton mystère

    Elle finira par s’en aller sans un mot
    Indifférence

  • Toiles lumière

    Dans le ciel des villes,
    nous avons tissé des toiles de lumière,
    comme des attrapes-rêves,
    pour capturer nos fantômes
    dans des mailles incandescentes,
    pour chasser des recoins sombres
    nos monstres intérieurs.

    Nous avons effacé les étoiles
    et sacrifié les constellations
    qui guidaient les voyageurs
    à travers les nuits sans lune.

    Ces repères immuables,
    nous les avons noyés
    dans des océans de clarté.

    Nous voilà aveugles
    en plein lumière.

    Au milieu des ruches de béton,
    nous avons dressé des fleurs de métal
    dans des champs de nuages.

    Chaque soir,
    quand les couleurs s’éteignent,
    que les ombres s’étirent,
    nous en récoltons le nectar
    qui alimentera
    nos rêves électriques.

← →
  • https://www.instagram.com/ca_rime_pas/